Aux abords d'une ville, dont je n'sais plus le nom,
Sur un rond-point se dresse un phallus en béton.
Cette sculpture d'où s'écoule du sperme à gros bouillon
Est la seule trace visible de l'art dans la région.
C'est peut-être un hommage à la virilité,
Au merveilleux plumage des mâles de la cité...
Ou un clin d'œil obscène à la suprême jouissance
De vivre dans cette ville depuis la prime enfance.

Refrain :
Mais qu'elles sont donc jolies,
Nos sculptures de rond-point !
Remercions nos mairies
De les choisir avec soin.

L'artiste, quant à lui, doit vivre bien loin de là,
Certain'ment à Paris, les plus grands vivent là.
C'est sans aucun remords qu'il éclate de rire,
Quand il se remémore son plus beau souvenir :
Se rappelant du jour de l'inauguration,
Du maire cherchant ses mots pour son allocution.
Ne sachant trop que dire de cette bite en béton
Qui coûtait la tirelire de la caisse du canton.
Quant à l'œuvre mythique, elle restera là-bas.
Son sperme granitique dix mille ans s'écoulera.
Ce fier monolithe semble nous rappeler
Que le ridicule ne nous tuera jamais
Et qu'il fait la fortune des artistes au rabais...

Refrain :
Mais qu'elles sont donc jolies,
Nos sculptures de rond-point !
Remercions nos mairies
De les choisir avec soin.

 

 


Texte : Christophe Ortiz dit "Christos"

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illustration : P'tite Nath
Les sculptures de rond-point