Aujourd'hui
je vais faire un voyage en ballon
Dans une montgolfière en papier crépon.
Comme je n'suis pas marrant, en guise de combustible
J'ai du gaz hilarant, l'voyage s'ra moins pénible !
Pour construire la nacelle, j'ai ach'té un panier
A une romanichelle qui tresse avec ses pieds.
Crispé sur son perchoir, mon unique compagnon,
Un perroquet qui a de la conversation.
Nous
larguons les amarres dans les jardins d'ma mère.
Je braille du Mozart pour poser l'atmosphère.
Mon volatile inculte se trompe de répertoire
Et chante la Marseillaise... je vais faire un malaise !
J'lance du sable sur ma mère, pour lui dire au revoir :
Elle en prend plein les yeux et pleure dans son mouchoir.
Je jette encore du sable, pour prendre de l'altitude :
Un sac assomme ma mère avec un bruit d'enclume...
Nous
survolons d'abord la ville et ses mirages,
Ma grosse bête à plume n'aime pas le paysage.
Elle se moque des badauds qui lèchent les vitrines
Et nous montrent du doigt avec des mines hostiles.
Voulant
les égayer, je jette par-dessus bord
Du sable mordoré, une pluie de poussière d'or.
Les voilà qui m'insultent, ils me montrent les dents
Nous fuyons à tire d'aile vers des cieux plus cléments.
Je propose aussitôt un tour dans les nuages,
A ce que l'on dit, là-haut, les anges seraient volages.
Pour
arriver plus vite je jette le superflu,
Y compris mes vêt'ments, qu'il est bon d'être nu !
M'observant, mal à l'aise, mon stupide emplumé
S'empare de son bréviaire et commence à prier.
Ne pouvant refréner sa faconde religieuse,
Je lui bâillonne le bec, qu'il la mette en veilleuse.
Voici
la stratosphère, on n' m'avait pas menti,
Sur leur couche délétère, les anges sont alanguis.
L'une d'elles me fait un signe, oui, j'ai bien dit "elle"
!
Elle est tell'ment jolie qu'il me pousse des ailes.
Celui qui n'a jamais fait l'amour à un ange
Ne peut imaginer la divine jouissance.
Oubliez vos croyances, vos déités cruelles,
Louange à vous les anges, vous êtes les plus belles !
Quel
dommage que les anges s'transforment en militaires,
En agents de police aux moustaches austères.
Je m'étais endormi -et- manquant de combustible,
Le ballon s'est échoué devant l'hôtel de ville.
Je
tente de m'expliquer, j'essaye d'être crédible...
Je leur parle des anges, ils froncent les sourcils.
Et puis je prends conscience de ma tenue légère,
De mon sexe dressé. "Cette fois-ci je suis vert !"
Tous
les jours je vais faire des voyages en ballon,
Dans ma tête de pivert, du fond de ma prison.
Ma mère et l'perroquet, les mardis, viennent me voir.
Et c'maudit emplumé veut savoir quand on r'part !!!
Texte
: Christophe Ortiz dit "Christos"
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